Renaître parolier,
j’étais condamné à conter,
écrivain des peines,
je m’étais assigné à témoigner ;
Voix de ceux qui n’en n’avaient point,
plume de ceux qui s’exclamaient
au bataillon du désespoir,
orateur d’une heure,
en éternel voyageur ;
Ils photographiaient
et je transcrivais,
Ils témoignaient leur peine
et je chantais;
Ces enfants martyrs,
venaient me réveiller,
me voler aux bras de Morphée,
et me criaient :
« peins,
vis, écris,
chante-nous,
tu es notre ouïe » ;
Ces déplacés du Congo,
ces traumatisés,
sont venus versifier ma poésie,
et dans mes songes
je voyais les enfants Tutsi,
ces rwandais arrachés sous un puit,
choisissant comme demeure
un jardin inédit;
Révèle ce crie
me disait Azaiza,
moi je capture
et toi tu retranscris ;
Compose,
m’instruisait ces belles âmes,
ces gardiens du paradis,
Ces bambins de l’infini,
Ces Gazouis;
Ils ont ressuscités en nous toute vie,
alors j’écrivis,
Et l’encre coulante
je peignais,
je déchirais parfois,
et je recommençais.
© Moustapha Chein
Montréal,
03 décembre 2023
