Migrations, excursions,
voyages nomades,
randonnée sauvage,
tu me protégeais,
et la demeure de mon bien aimée,
à Médine tu choisissais.
Mon chameau,
spiritualité en recommencement,
en aller-retour,
en renversement,
née dans ta profondeur,
avançant lentement
mais assurément.
Tu n’étais point commodité,
mais berceau,
voyage, et pendant,
d’un grain, volant,
sifflant,
cet harmattan brulant.
Tu traverses,
mon chameau,
ces vents criants,
avec une valse pourtant,
à la hauteur fascinante,
à la destinée oasis,
qui est paix et enchantement.
Je ressentais tant de sécurité,
à m’évader sur ton verso,
à te chuchoter mes inquiétudes,
que moelleusement
tu convertissais en béatitude,
Béa, ataraxie, tranquillité.
Tu me contais,
les épopées de mes aïeuls,
et tu souriais.
Sur ton dos je piaulais
l’incertitude et tu essuyais,
ces larmes d’un enfant
des Dunes que tu as bercé.
À destination parvenue,
destin frappé,
viande enterré, cuite, savourée,
cet instant où tu stockais,
cet eau lac,
récompense d’une longue traversée,
tu me disais
débarque un brin te ressourcer.
Dans ce silence que tu empruntais,
tu m’envoyais des mots
que seul le désert discernait,
les dunes te répondaient,
et voilà que soufflait ce vent puissant,
qui nous matait.
Mais tu avançais et tu me cultivas
la témérité :
« Le temps ne sera pas toujours fleuri,
Mais garde ce sourire d’enfant targui,
Et reviens me voir,
quand tes nouvelles bâtisses n’auront su te porter,
car c’est sur mon dos que tu es né. »
(c) Moustapha Chein
Montréal,
30 Août 2023




