Suivez moi,
louez avec moi,
ce désert bohémien,
berceau pourtant de la résilience,
de l’endurance.
Suivez-moi, je vous guiderai
avec ma canne de berbère,
ma caravane de forain,
d’émissaire des lendemains,
pour vous conter mon désert.
Je suis né avec du sable dans les yeux,
car la sortie n’est pas sur un terroir hospitalier,
mais sur une terre sanctifiée,
par chaque grain, chaque sablier,
façonné, dessiné par ces dunes,
fascinée par ces buttes,
heureux d’enfin toucher au but,
de sentir cette taupinée;
Secoué à l’extraction,
pour me retirer des yeux cette arène,
Et m’allaiter avec des grains d’amour,
épars, récoltés ci et là avec bravoure.
Je naquis dans un environnement bon enfant,
où les oasis étaient fuyants,
appréhendés au bout d’une longue épopée,
où chaque fragment de cet harmattan,
nous sifflait un vent porteur d’espoir,
chaud certes mais rafraîchissant à la fois,
car il nous transportait vers cet havre terroir.
Suivez-moi,
je vous conterai Maman,
cette douce dame à la main sur le cœur,
brassant chacune de nos peurs,
dans le mil du courage,
de l’hardiesse et de la vigueur.
Suivez-moi,
je vous conterai Papa,
ce dessinateur, peintre de nos effrois,
qu’il transformait en joie,
dans un patois dont il était seule maître,
et qu’il exprimait régulièrement dans ce prétoire,
il était ainsi maître des lieux :
cet audimat,
ce tribunal perché à ses lèvres,
suivant avec admiration
chacune des ses fougues verbales,
il était passion, élégance, nomade
Et Maure.
Suivez-moi,
et je conclurai avec vous cette épopée,
désertique, désert, thébaïde,
pour vous exprimer nos retraites paisibles,
nos chansons, nos « givans » et « radats »
accompagnés d’un thé intrépide.
Suivez-moi,
et voyagez loin de vos confins habituels,
bercés dans des matins au miel,
parfois à l’eau gaspillée, à la nourriture jetée,
quand les nomades la cuisinent dans leur cœur,
pour la pondre en chœur,
la chanter dans un symphonie de gratitude,
exempte de lassitude,
ces quotidiens bercés par nos chameaux,
Et parfois oubliés par nos pairs,
ces humains à la mémoire quelquefois menu.
Suivez-moi,
suivez-nous,
car au commencement était un désert,
étau de vos essences,
naviguant au chant berbère.
(c) Moustapha Chein
Montréal,
03 Octobre 2023

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