Cette transmission intergénérationnelle,
d’amour,
de sagesse,
de détours,
vers un contour,
celui de nos vœux contés,
sous ce baobab
par le sage réceptionné.
L’arbre à palabre est récipiendaire,
de nos effrois ;
à force de pénétrer nos émois,
devant lui s’exprimer,
il est devenu parolier.
Contant nos vies,
dessinant notre ouïe,
peignant notre terre d’Afrique,
sous une forme épique,
peinte en toile délice.
Je suis un Baobab en aller-retour,
en recommencement, en filature.
À la sagesse du chef de village,
nous enchainons nos brisures,
et avec ces douces aiguilles,
il les recoud,
file dit-il avec ces fils,
à nos inquiétudes d’enfants.
Le réceptacle est tellement bon,
tellement grand,
qu’adulte encore nous voilà,
devant ce même arrêt à palabrer,
transmettre nos pensées,
enseigner.
Sous le regard bien veillant,
de notre guide, notre chef tribale
notre maître-coq du village,
notre arbitre cérébral.
Nous infusons sous ce palmier,
nos pieds,
les plantons avec une profondeur éveillée,
parfois inquiétée,
mais rassurée, car unifiée.
L’heure est à la réunion,
à l’union des cœurs,
à la résolve des problématiques :
creuser, proposer, poser,
devant ce dépositaire de nos valeurs.
À la bonne heure s’exclamons-nous :
«Pourquoi ce retard,
nous étions posés, tout au long,
murmurant nos flexions,
les brodant,
dans un cahier que l’on souhaite te confier,
les narrer
À toi de trancher.»
Non je ne suis que juste milieu,
et vous êtes sentier,
d’un devenir par nos aïeuls tracé,
alors continuez,
je tiens le rôle de céans.
Et voilà que débute la palabre,
à qui le dernier vocable,
la dernière diction,
l’ultime dicton,
le nouveau thème,
le dernier lexème.
Le Baobab
d’un coup de vent secoue le pompier,
notre chef du village, endormi, fatigué :
« tranche, ils vont s’entremêler,
apaise et répartit les denrées.»
Ces enfants au soleil levant,
coquant l’heure de la levée,
voulant miler,
assister leurs parents,
dans cette édition du déjeuner.
Nous voilà alors en assemblée,
savourant cette denrée,
et observant de loin ce baobab,
avec comme projet de l’approcher.
« Cher Baobab depuis ces millénaires,
tu es là en vaillant Maître,
à nous observer,
Mais qu’attends-tu pour te bouger
le derrière et nous aider »
Je suis maître du temps répondit-il,
je récolte vos idées,
et aux générations espérances,
je transmets et je panse.
Sous ces tentes nomades
vos proverbes, vos adages,
votre sagesse, vos pages,
seront répétés.
Mais aussi,
votre pudeur, vos bravoures,
votre tranquillité.
Je vous transporte à eux,
leur conte vos vérités,
Et les nourris de vos vœux.
© Moustapha Chein
Montréal,
14 septembre 2023.
Image : Mi Journey