dimanche 24 septembre 2023

{ENFANTS TOUAREGS}

Débonnaires du désert,

Enfants chameaux,

chérubins d’en haut,

d’un haut désert.

 

Du haut de leur accotoir,

ces enfançons restaient sur terre,

marmailles touarègues,

enfants oubliés,

nourrissons envolés,

dans leurs foulards enrôlés;

 

Mouflets aimés,

touareg j’étais,

nomade je restais.

 

Enfants tamashek,

héritiers migrants,

anges de lait et de baie,

enfants soufis.

 

Laissez-les criez,

leur silence de gaieté,

laissez-les exprimer,

le voyage conter,

car seul le vent jusque-là,

s’en chargeait.

 

Jusqu’au jour où ils décidèrent d’écrire,

leur quotidien, leur sablier,

leurs tentes entourées,

de grands marchés,

ceux du désert, vides de denrées;

dans cet harmattan qu’est leur Sahara.

 

Enfants Targui,

poulbots d’énergie,

bambins de survie, de sève et de vie.

 

Rodant autour du puit,

guettant la rincée,

leur oasis d’ennui,

d’une eau sans vie,

celle des migrateurs et de leur pluie;

 

Cher flot es-tu partie ?

non je suis devenu targui,

je m’accommode et m’accable,

de cette rémission,

que vous bohémiens appelez vie;

 

Et pourtant subsistance à vos corps étui,

mais votre courage vous fit,

voyager loin de moi,

loin de ma candeur,

de ma ondée,

vous arrivez quand elle est finie.

 

« L’harmattan »,

Il est temps,

que dans la lumière tu marches,

et que tu t’abreuves de ce puits,

à toi conservé par ces marchands de vie.

 

Chers nomades poursuivez vos labeurs,

vos suées, vos corvées,

et avec vos sourires de martyr,

épris du chaud,

avancez-je vous prie,

vers cet harmattan infini;

 

Et moi Marmot :

je vous regarde d’un œil aimant,

et vous dit merci,

pour ce préambule berçant,

enfant d’Adieu,

mais enfant tout le temps

Sablon restant;

 

Hommage mes nomades,

Déférence mes gémeaux,

gloire mes vagabonds,

bohémiens et boumians,

Merci pour vos cageots :

 

« Avancez en douceur,

je vous retrouverai devant. »

 

© Moustapha Chein,

 

Montréal,

 

24 septembre 2023




jeudi 14 septembre 2023

{L’arbre à Palabre}

Cette transmission intergénérationnelle,

d’amour,

de sagesse,

de détours,

vers un contour,

celui de nos vœux contés,

sous ce baobab

par le sage réceptionné.

 

L’arbre à palabre est récipiendaire,

de nos effrois ;

à force de pénétrer nos émois,

devant lui s’exprimer,

il est devenu parolier.

 

Contant nos vies,

dessinant notre ouïe,

peignant notre terre d’Afrique,

sous une forme épique,

peinte en toile délice.

 

Je suis un Baobab en aller-retour,

en recommencement, en filature.

 

À la sagesse du chef de village,

nous enchainons nos brisures,

et avec ces douces aiguilles,

il les recoud,

file dit-il avec ces fils,

à nos inquiétudes d’enfants.

 

Le réceptacle est tellement bon,

tellement grand,

qu’adulte encore nous voilà,

devant ce même arrêt à palabrer,

transmettre nos pensées,

enseigner.

 

Sous le regard bien veillant,

de notre guide, notre chef tribale

notre maître-coq du village,

notre arbitre cérébral.


Nous infusons sous ce palmier,

nos pieds,

les plantons avec une profondeur éveillée,

parfois inquiétée,

mais rassurée, car unifiée.

 

L’heure est à la réunion,

à l’union des cœurs,

à la résolve des problématiques :

creuser, proposer, poser,

devant ce dépositaire de nos valeurs.

 

À la bonne heure s’exclamons-nous :


«Pourquoi ce retard,

nous étions posés, tout au long,

murmurant nos flexions,

les brodant,

dans un cahier que l’on souhaite te confier,

les narrer

À toi de trancher.»

 

Non je ne suis que juste milieu,

et vous êtes sentier,

d’un devenir par nos aïeuls tracé,

alors continuez,

je tiens le rôle de céans.

 

Et voilà que débute la palabre,

à qui le dernier vocable,

la dernière diction,

l’ultime dicton,

le nouveau thème,

le dernier lexème.

 

Le Baobab

d’un coup de vent secoue le pompier,

notre chef du village, endormi, fatigué :

« tranche, ils vont s’entremêler,

apaise et répartit les denrées

 

Ces enfants au soleil levant,

coquant l’heure de la levée,

voulant miler,

assister leurs parents,

dans cette édition du déjeuner.

 

Nous voilà alors en assemblée,

savourant cette denrée,

et observant de loin ce baobab,

avec comme projet de l’approcher.

 

« Cher Baobab depuis ces millénaires,

tu es là en vaillant Maître,

à nous observer,

Mais qu’attends-tu pour te bouger

le derrière et nous aider »

 

Je suis maître du temps répondit-il,

je récolte vos idées,

et aux générations espérances,

je transmets et je panse.

 

Sous ces tentes nomades

vos proverbes, vos adages,

votre sagesse, vos pages,

seront répétés.

 

Mais aussi,

 

votre pudeur, vos bravoures,

votre tranquillité.

 

Je vous transporte à eux,

leur conte vos vérités,

Et les nourris de vos vœux.

 

© Moustapha Chein

 

Montréal,

 

14 septembre 2023. 

Image : Mi Journey



{ La prière de l’absent }

Texte offert aux familles endeuillés du séisme au Maroc et des inondations en Libye

Il y’a ces enfants,
ces pères,
ces larmes,
Il y’a vous, il y’a moi,
Et ces âmes endeuillées par un chagrin enraciné.
Vint cette frappe, ces brisures,
cette lumière aveuglante,
une lumière au couleur de feu,
gifflante, barbante, blessante,
archère,
lumière de souffrance.
commotion meurtrière,
ces pères venaient de nous quitter,
accompagnés de ces enfants, ces vieux,
et ces mères éplorées.
On les pleurait et eux ils partaient.
Ces voyageurs prennent un billet sans retour,
un départ improvisé, une foudre versée,
sur leur avenir enchanté.
En prière de l’absent pour eux
arrachés à la fleur du dessein,
fleur de l’âge, d’un âge plein d’entrains,
des dattiers d’espoir,
que ces frappes asséchèrent.
Pour eux je crachais cette missive alarmante,
je pleurais et ils partaient.
Depuis leur sépulcre ils me dirent :
offre nous un billet mais avec un retour,
vers la sécurité, de nos semblables encore éveillés,
vivant un semblant de sérénité,
Ils cachent leur peur dans leur psyché,
et pleurent endeuillés ceux qu’ils aimaient.
En prière de l’absent je pleure ces délogés,
En prière du présent je prie ces rescapés,
de bien vouloir rester en vie et non en survie.
Les larmes coulées, les vies volées,
ces hommes et femmes kidnappés à leur projet.
Ces dattiers arrachés,
ces oasis asséchés,
il nous reste nos mots, pour crier,
se recueillir, prier, et pleurer.
À la solidarité des logés,
portant secours aux rescapés,
l’amour partagé,
les cœurs distribués avec générosité,
nous rendant un vibrant hommage,
à tant d’affabilité.

(c) Moustapha Chein,

Montréal


 


mercredi 13 septembre 2023

{Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien}

Cette maxime attribuée

par Platon à son Maître,

nous ramène à l’essence,

à la pensée bouleversée,

à notre naissance;

 

notre « ÊTRE ».

Qui sommes-nous?

 

Sommes-nous ou Pensons-nous,

nous avons pensé et nous eûmes été,

mais qu’avons-nous pensé,

ou pansons-nous nos fragilités,

par des semblants de savoirs vantés.

 

Tout ce que je sais,

s’écriait-il,

c’est que l’étendue

de mes connaissances

m’amène à la nécessaire conclusion,

d’une incompétence,

d’une inhabilité fusion,

fusionnant avec cet enchantement du « je le sais »

Je le savais et je l’avais anticipé.

 

Or plus nous déchiffrons,

davantage nous feuilletons,

et de jure nous pénétrons

dans notre incompréhension;

 

Notre limitation,

où point arrogance ne peut résider,

point érudition ne peut épargner,

une simple ignorance clamée.

 

Pour savoir encore fusse-t-il

réunir toutes les assemblées,

celles de nos prétendus savoirs enchevêtrés;

 

Alors la quête de la connaissance,

requiert conjugaison,

de particules infinies,

répartis ci et là entre nous,

seule une combinaison, une union,

nous éloignerait du vent,

du prétendument « savoir »,

de l’outrecuidance foire.

 

Il faut alors se résigner

à l’agénésie de notre science,

et valser sur notre insuffisance.

 

La solution proposée,

par le poète chantée,

est de s’adonner à une risée,

rire, ricaner, vivre la légèreté;

 

car le constat attristé,

d’une désunion des cœurs,

conduisant à une insolence des esprits :

« oui je sais »

Non tu te meurs!

 

Pour connaître encore fusse-t-il :

ÊTRE,

 

Et pour être, il faut s’aimer,

partager sans compter

faire preuve de générosité,

unir nos pensées;


et seulement là peut-être

qu’un semblant de discernement en coulera,

nous menons vers cette voie,

celle de l’essence en recommencement :

 

« Aime et moi je prie

peins et moi j’écris,

partage et moi j’apprends,

tolère mon avis

et enfin tu vis,

cherche dans mon « moi » enfoui,

jette ton œuvre et recommence,

crie : Humilité et vie »

 

Alors seulement là tu sauras,

qu’en définitif tu n’eus jamais

su.

 

© Moustapha Chein,

 

Montréal,

 

13 Septembre 2023.




mardi 12 septembre 2023

{Apprendre la joie}

Apprendre à être heureux

un jour à la fois.

 

Laisser sa foi s’occuper de ses effrois,

apprendre à donner de soi,

de sa joie de son « moi »,

contaminer les âmes minées

par la morosité.

 

Les mener vers une pensée enchantée,

brodée est-elle par un chant soufflant la gaieté.

 

Une brise délicatement posée,

sur des joues éplorées :

 

« non ne pleure pas

  viens avec moi

  chanter le soleil levant,

  demain est un jour nouveau,

  il te mènera de l’avant. »

 

Accepte d’être heureux aujourd’hui

et je reviendrais te voir,

un jour à la fois,

broder pour toi la joie,

tu verras c’est un choix.

 

Chante avec moi tes émois

et transforme ce patois

en une langue cosmique,

qui vient réveiller ces âmes tristes

par une pique de délice.

 

Viens avec moi aujourd’hui,

respirer l’euphorie

et je passerais te voir toutes les nuits,

une nuit à la fois

pour souffler au monde entier ta joie.



(c) Moustapha Chein


13 Septembre 2023,


Montréal 


Artiste peintre : Nathaly Vera






 

{Santé Mentale}

Joyau caché,

santé dévoilée,

tabou révélé,

ainsi naissait l’équilibre.

 

Hygiène prônée,

mental conté,

force à nous,

âme morceau,

glaive cézigue,

cœur à lui, cœur à vous.

 

De ce sacro-saint,

vivant parmi nous,

évoluant au fond,

parfois broyé dans notre self.

 

Pleurer, s’étonner,

Pourquoi lui? Pourquoi Moi? Pourquoi elle?

C’est dans les ailes de l’espoir qu’elle,

cette belle au bois éveillé,

blessée, mais illuminée,

car rassurée, diagnostiquée,

pour en bonheur être aidée.

 

Médecins, infirmiers, psychothérapeutes,

il ne s’agit point d’une meute,

mais de l’étymologie de l’entraide,

d’un coup d’épaule flirtant,

avec un soulagement.

 

« Ouf » je ne suis pas seul,

naguère ils étaient,

au présent elles se sont reconnues,

supportées et soutenues.

 

Elles sont vous et moi,

et dans la générosité mentale,

nous vivons;

avec le soutien familial,

nous appréhendons,

des lendemains inquiets,

et pourtant :

 

Chants et espoirs,

parfument ces prolongements,

poésie des maux,

poésie d’enfant,

médication bienvenue,

aide vivant, aide salutation ;


Courage vaillant,

paix retrouvée,

manifeste innocent.

 

D’une santé mentale,

psychologique,

cérébrale.

 

© Moustapha Chein 

12 Septembre 2023

Tableau intitulé « Espoir » Du Célèbre Artiste BANKSY



dimanche 10 septembre 2023

{Nos Desseins}

Et nos souvenirs enchevêtrent 

notre quotidien,

le brûlant parfois.


Notre mémoire prison,

mais maison, passion.

Amour d’avant,

amour tout le temps.


Peine d’antan,

leçon pourtant.


Joie de vivre,

douleurs en rires.


Avec ces larmes en Rose

Dessinons nos desseins.


(c) Moustapha Chein


Montréal 


Artiste peintre : Eric F.




{Les mots se jouent de nous}

Le cheminement intime conduit à s’interroger sur le jeu des mots, leurs malices, leur humour et à quel point, ils se rient de nous. Car oui,...