mercredi 4 octobre 2023

{La résilience est l’essence}

Les voiles de ma vie,

Les écrins de mes cris,

ces cris de tourment,

ces chagrins brossés par des questionnements :

 

« Pourquoi moi?

Qu’ai-je fait,

Qu’ai-je tenté

n’ayant plu à la divinité,

au grand désarroi de mon amour des Randonnées »;

 

Chaque chirurgie, chaque recommencement,

était pour moi un lancement,

vers cette résilience qu’enfant j’ignorais,

d’antan bercé par cet amour maman,

je croyais alors tout acquis,

tout naquit,

dans une vie d’abondance ;

 

C’est dire à quelle enseigne,

mes parents pourtant ouvrier,

nous soignaient,

nous offraient sans compter.

 

Choix divin, circonstance de forain,

je multipliais les équations amoureuses,

cueillies dans une marmite de tendresse,

et servi avec dévotion, dévouement et allégresse.

 

Elle était mère, au ailes pleins d’elles,

et j’étais fils, rêveur, bricoleur,

entrepreneur,

mais aussi cachotier,

car je ballottais mes souhaits,

dans ce quartier des Mureaux ;

 

Cette France où nos valeurs parfois se contredisent,

mais qui aussi a été soin de mes émois ;

 

Cette France où j’appris à sortir de mon cachot,

pour défendre mon identité d’enfant nomade,

d’enfant noir,

voulant dévoiler sa vie, son combat,

sa résistance, ses ébats ;

 

alors je m’écris, j’écrivis,

et je vous pose mes songes,

dans ce dévoilement qu’est ma vie ;

 

Courage à vous,

vaillants tenaces, pérégrins,

résistants à ces lendemain parfois sibyllin ;

 

Refusez le défaitisme,

et rebutez les porteurs de drapeaux,

du pessimisme,

d’une mélancolie injustifiée ;

 

car tant qu’il y’a vie disent-ils il y’a espoir,

c’est sous cet aphorisme que je me suis abrité,

pour vous conter les voiles de ma vie,

naviguant et surfant sur nos peurs,

pour renaître poésie ;

 

Je dis alors à l’épreuve « Merci »

et avec gratitude au Maître Céleste :

Porte-moi vers l’Est,

là où toutes mes craintes seront larguées,

à ce quai,

où j’ai décidé d’amarrer mes témérités.

 

© Moustapha Chein

 

Montréal,

 

04 Octobre 2023

 






 

mardi 3 octobre 2023

{Je suis né avec du sable dans les yeux }

Suivez moi,
louez avec moi,
ce désert bohémien,
ce peu fréquenté parfois oublié,
berceau pourtant de la résilience,
de l’endurance.
Suivez-moi, je vous guiderai
avec ma canne de berbère,
ma caravane de forain,
d’émissaire des lendemains,
pour vous conter mon désert.
Je suis né avec du sable dans les yeux,
car la sortie n’est pas sur un terroir hospitalier,
mais sur une terre sanctifiée,
par chaque grain, chaque sablier,
façonné, dessiné par ces dunes,
fascinée par ces buttes,
heureux d’enfin toucher au but,
de sentir cette taupinée;
Secoué à l’extraction,
pour me retirer des yeux cette arène,
Et m’allaiter avec des grains d’amour,
épars, récoltés ci et là avec bravoure.
Je naquis dans un environnement bon enfant,
où les oasis étaient fuyants,
appréhendés au bout d’une longue épopée,
où chaque fragment de cet harmattan,
nous sifflait un vent porteur d’espoir,
chaud certes mais rafraîchissant à la fois,
car il nous transportait vers cet havre terroir.
Suivez-moi,
je vous conterai Maman,
cette douce dame à la main sur le cœur,
brassant chacune de nos peurs,
dans le mil du courage,
de l’hardiesse et de la vigueur.
Suivez-moi,
je vous conterai Papa,
ce dessinateur, peintre de nos effrois,
qu’il transformait en joie,
dans un patois dont il était seule maître,
et qu’il exprimait régulièrement dans ce prétoire,
il était ainsi maître des lieux :
cet audimat,
ce tribunal perché à ses lèvres,
suivant avec admiration
chacune des ses fougues verbales,
il était passion, élégance, nomade
Et Maure.
Suivez-moi,
et je conclurai avec vous cette épopée,
désertique, désert, thébaïde,
pour vous exprimer nos retraites paisibles,
nos chansons, nos « givans » et « radats »
accompagnés d’un thé intrépide.
Suivez-moi,
et voyagez loin de vos confins habituels,
bercés dans des matins au miel,
parfois à l’eau gaspillée, à la nourriture jetée,
quand les nomades la cuisinent dans leur cœur,
pour la pondre en chœur,
la chanter dans un symphonie de gratitude,
exempte de lassitude,
ces quotidiens bercés par nos chameaux,
Et parfois oubliés par nos pairs,
ces humains à la mémoire quelquefois menu.
Suivez-moi,
suivez-nous,
car au commencement était un désert,
étau de vos essences,
naviguant au chant berbère.

(c) Moustapha Chein
Montréal,

03 Octobre 2023 



{L’esprit dans les Brumes}

Nué, nue, cumulus,
esprit dans les nuages,
et voici cet adage,
traversant les âges,
à vous chanté avec humour,
par ce nomade pérégrin en demi-tour.
Réflexion, flexion,
les pensées nous échappent,
et elles se posent avec intuition
sur ce mont,
cette accumulation de sommets,
vifs, récupérant nos espérances,
les transformant en renaissances,
de rêves, d’ambitions, de bouleversements,
assis, bâtis, par cette résilience.
Oui nous avons la psyché en nébulosité,
mais c’est le candide en nous,
qui nous voue
et nous pousse vers cette pioche,
où chacune de nos défaites se refait
gambade et refleurit,
pour renaitre mioche.
L’enfant touareg, l’enfant targui
naquit la tête dans les étoiles,
ce quotidien désert de peines,
pavé d’enchantements,
de nouveaux départs,
d’allers-retours,
et de tentes bâtis en recommencement.
Ce foulard, sur lui porté,
voilant ses fragilités,
dévoilant sa témérité,
oui l’esprit s’est envolé;
au moment où l’âme s’est joint à l’étau,
courage alors est né avec son cri de bébé.
Les nuages devinrent son domicile,
cette tranquillité qu’il peint en île,
se refugiant dans chaque nimbus,
récupérant ses rêves dans ces stratus ;
Cet enfant errant,
Ce nomade maure protégea,
avec endurance ses ambitions ;
Et toujours l’esprit dans les nuages,
il décida d’écrire ses pages,
et de créer son propre bonheur,
conçu à l’image de ses vœux,
à la hauteur de ces paysages
qui bercèrent son premier âge.

© Moustapha Chein,

Montréal,



dimanche 24 septembre 2023

{ENFANTS TOUAREGS}

Débonnaires du désert,

Enfants chameaux,

chérubins d’en haut,

d’un haut désert.

 

Du haut de leur accotoir,

ces enfançons restaient sur terre,

marmailles touarègues,

enfants oubliés,

nourrissons envolés,

dans leurs foulards enrôlés;

 

Mouflets aimés,

touareg j’étais,

nomade je restais.

 

Enfants tamashek,

héritiers migrants,

anges de lait et de baie,

enfants soufis.

 

Laissez-les criez,

leur silence de gaieté,

laissez-les exprimer,

le voyage conter,

car seul le vent jusque-là,

s’en chargeait.

 

Jusqu’au jour où ils décidèrent d’écrire,

leur quotidien, leur sablier,

leurs tentes entourées,

de grands marchés,

ceux du désert, vides de denrées;

dans cet harmattan qu’est leur Sahara.

 

Enfants Targui,

poulbots d’énergie,

bambins de survie, de sève et de vie.

 

Rodant autour du puit,

guettant la rincée,

leur oasis d’ennui,

d’une eau sans vie,

celle des migrateurs et de leur pluie;

 

Cher flot es-tu partie ?

non je suis devenu targui,

je m’accommode et m’accable,

de cette rémission,

que vous bohémiens appelez vie;

 

Et pourtant subsistance à vos corps étui,

mais votre courage vous fit,

voyager loin de moi,

loin de ma candeur,

de ma ondée,

vous arrivez quand elle est finie.

 

« L’harmattan »,

Il est temps,

que dans la lumière tu marches,

et que tu t’abreuves de ce puits,

à toi conservé par ces marchands de vie.

 

Chers nomades poursuivez vos labeurs,

vos suées, vos corvées,

et avec vos sourires de martyr,

épris du chaud,

avancez-je vous prie,

vers cet harmattan infini;

 

Et moi Marmot :

je vous regarde d’un œil aimant,

et vous dit merci,

pour ce préambule berçant,

enfant d’Adieu,

mais enfant tout le temps

Sablon restant;

 

Hommage mes nomades,

Déférence mes gémeaux,

gloire mes vagabonds,

bohémiens et boumians,

Merci pour vos cageots :

 

« Avancez en douceur,

je vous retrouverai devant. »

 

© Moustapha Chein,

 

Montréal,

 

24 septembre 2023




jeudi 14 septembre 2023

{L’arbre à Palabre}

Cette transmission intergénérationnelle,

d’amour,

de sagesse,

de détours,

vers un contour,

celui de nos vœux contés,

sous ce baobab

par le sage réceptionné.

 

L’arbre à palabre est récipiendaire,

de nos effrois ;

à force de pénétrer nos émois,

devant lui s’exprimer,

il est devenu parolier.

 

Contant nos vies,

dessinant notre ouïe,

peignant notre terre d’Afrique,

sous une forme épique,

peinte en toile délice.

 

Je suis un Baobab en aller-retour,

en recommencement, en filature.

 

À la sagesse du chef de village,

nous enchainons nos brisures,

et avec ces douces aiguilles,

il les recoud,

file dit-il avec ces fils,

à nos inquiétudes d’enfants.

 

Le réceptacle est tellement bon,

tellement grand,

qu’adulte encore nous voilà,

devant ce même arrêt à palabrer,

transmettre nos pensées,

enseigner.

 

Sous le regard bien veillant,

de notre guide, notre chef tribale

notre maître-coq du village,

notre arbitre cérébral.


Nous infusons sous ce palmier,

nos pieds,

les plantons avec une profondeur éveillée,

parfois inquiétée,

mais rassurée, car unifiée.

 

L’heure est à la réunion,

à l’union des cœurs,

à la résolve des problématiques :

creuser, proposer, poser,

devant ce dépositaire de nos valeurs.

 

À la bonne heure s’exclamons-nous :


«Pourquoi ce retard,

nous étions posés, tout au long,

murmurant nos flexions,

les brodant,

dans un cahier que l’on souhaite te confier,

les narrer

À toi de trancher.»

 

Non je ne suis que juste milieu,

et vous êtes sentier,

d’un devenir par nos aïeuls tracé,

alors continuez,

je tiens le rôle de céans.

 

Et voilà que débute la palabre,

à qui le dernier vocable,

la dernière diction,

l’ultime dicton,

le nouveau thème,

le dernier lexème.

 

Le Baobab

d’un coup de vent secoue le pompier,

notre chef du village, endormi, fatigué :

« tranche, ils vont s’entremêler,

apaise et répartit les denrées

 

Ces enfants au soleil levant,

coquant l’heure de la levée,

voulant miler,

assister leurs parents,

dans cette édition du déjeuner.

 

Nous voilà alors en assemblée,

savourant cette denrée,

et observant de loin ce baobab,

avec comme projet de l’approcher.

 

« Cher Baobab depuis ces millénaires,

tu es là en vaillant Maître,

à nous observer,

Mais qu’attends-tu pour te bouger

le derrière et nous aider »

 

Je suis maître du temps répondit-il,

je récolte vos idées,

et aux générations espérances,

je transmets et je panse.

 

Sous ces tentes nomades

vos proverbes, vos adages,

votre sagesse, vos pages,

seront répétés.

 

Mais aussi,

 

votre pudeur, vos bravoures,

votre tranquillité.

 

Je vous transporte à eux,

leur conte vos vérités,

Et les nourris de vos vœux.

 

© Moustapha Chein

 

Montréal,

 

14 septembre 2023. 

Image : Mi Journey



{ La prière de l’absent }

Texte offert aux familles endeuillés du séisme au Maroc et des inondations en Libye

Il y’a ces enfants,
ces pères,
ces larmes,
Il y’a vous, il y’a moi,
Et ces âmes endeuillées par un chagrin enraciné.
Vint cette frappe, ces brisures,
cette lumière aveuglante,
une lumière au couleur de feu,
gifflante, barbante, blessante,
archère,
lumière de souffrance.
commotion meurtrière,
ces pères venaient de nous quitter,
accompagnés de ces enfants, ces vieux,
et ces mères éplorées.
On les pleurait et eux ils partaient.
Ces voyageurs prennent un billet sans retour,
un départ improvisé, une foudre versée,
sur leur avenir enchanté.
En prière de l’absent pour eux
arrachés à la fleur du dessein,
fleur de l’âge, d’un âge plein d’entrains,
des dattiers d’espoir,
que ces frappes asséchèrent.
Pour eux je crachais cette missive alarmante,
je pleurais et ils partaient.
Depuis leur sépulcre ils me dirent :
offre nous un billet mais avec un retour,
vers la sécurité, de nos semblables encore éveillés,
vivant un semblant de sérénité,
Ils cachent leur peur dans leur psyché,
et pleurent endeuillés ceux qu’ils aimaient.
En prière de l’absent je pleure ces délogés,
En prière du présent je prie ces rescapés,
de bien vouloir rester en vie et non en survie.
Les larmes coulées, les vies volées,
ces hommes et femmes kidnappés à leur projet.
Ces dattiers arrachés,
ces oasis asséchés,
il nous reste nos mots, pour crier,
se recueillir, prier, et pleurer.
À la solidarité des logés,
portant secours aux rescapés,
l’amour partagé,
les cœurs distribués avec générosité,
nous rendant un vibrant hommage,
à tant d’affabilité.

(c) Moustapha Chein,

Montréal


 


mercredi 13 septembre 2023

{Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien}

Cette maxime attribuée

par Platon à son Maître,

nous ramène à l’essence,

à la pensée bouleversée,

à notre naissance;

 

notre « ÊTRE ».

Qui sommes-nous?

 

Sommes-nous ou Pensons-nous,

nous avons pensé et nous eûmes été,

mais qu’avons-nous pensé,

ou pansons-nous nos fragilités,

par des semblants de savoirs vantés.

 

Tout ce que je sais,

s’écriait-il,

c’est que l’étendue

de mes connaissances

m’amène à la nécessaire conclusion,

d’une incompétence,

d’une inhabilité fusion,

fusionnant avec cet enchantement du « je le sais »

Je le savais et je l’avais anticipé.

 

Or plus nous déchiffrons,

davantage nous feuilletons,

et de jure nous pénétrons

dans notre incompréhension;

 

Notre limitation,

où point arrogance ne peut résider,

point érudition ne peut épargner,

une simple ignorance clamée.

 

Pour savoir encore fusse-t-il

réunir toutes les assemblées,

celles de nos prétendus savoirs enchevêtrés;

 

Alors la quête de la connaissance,

requiert conjugaison,

de particules infinies,

répartis ci et là entre nous,

seule une combinaison, une union,

nous éloignerait du vent,

du prétendument « savoir »,

de l’outrecuidance foire.

 

Il faut alors se résigner

à l’agénésie de notre science,

et valser sur notre insuffisance.

 

La solution proposée,

par le poète chantée,

est de s’adonner à une risée,

rire, ricaner, vivre la légèreté;

 

car le constat attristé,

d’une désunion des cœurs,

conduisant à une insolence des esprits :

« oui je sais »

Non tu te meurs!

 

Pour connaître encore fusse-t-il :

ÊTRE,

 

Et pour être, il faut s’aimer,

partager sans compter

faire preuve de générosité,

unir nos pensées;


et seulement là peut-être

qu’un semblant de discernement en coulera,

nous menons vers cette voie,

celle de l’essence en recommencement :

 

« Aime et moi je prie

peins et moi j’écris,

partage et moi j’apprends,

tolère mon avis

et enfin tu vis,

cherche dans mon « moi » enfoui,

jette ton œuvre et recommence,

crie : Humilité et vie »

 

Alors seulement là tu sauras,

qu’en définitif tu n’eus jamais

su.

 

© Moustapha Chein,

 

Montréal,

 

13 Septembre 2023.




{Les mots se jouent de nous}

Le cheminement intime conduit à s’interroger sur le jeu des mots, leurs malices, leur humour et à quel point, ils se rient de nous. Car oui,...